Simplification des étiquettes nutritionnelles, c'est pour quand ?

L’émission Cash investigation, diffusée mardi 13 septembre 2016 sur France Télévision, était consacrée à l’industrie agroalimentaire. L’occasion de se pencher sur le manque de lisibilité des informations nutritionnelles qui figurent sur les aliments que nous consommons quotidiennement.

Aujourd'hui, force est de constater que les étiquettes des produits alimentaires sont complexes, voire impossibles à déchiffrer. Pour comparer deux boîtes de céréales, il faut soit, avoir des connaissances solides en nutrition, soit s'armer de patience. Et quand on fait ses courses, on a besoin d'aller vite. Mais à terme, la malbouffe participe à la progression du surpoids et de l'obésité, et par conséquent à celle des pathologies cardiovasculaires et du diabète. C'est pour rendre plus lisibles et accessibles à tous la quantité de graisses ou de sucres présents dans les aliments qu'un texte prévoyant la simplification nutritionnelle apposée sur les emballages alimentaires a été voté dans le cadre de la loi Santé. Mais pour l'heure, aucune méthode n'a été retenue et validée.

Un étiquetage nutritionnel basé sur un code à 5 couleurs fait depuis longtemps déjà consensus au sein de la communauté scientifique. Son principe ? Du vert pour les produits équilibrés, du rouge pour les aliments trop gras ou trop sucrés et trois couleurs intermédiaires (jaune, orange, rose). En somme le système permet d'identifier en un coup d'œil les aliments nutritionnellement "bons élèves", des "mauvais", en particulier trop gras ou trop sucrés. Le système a été testé avec succès dans le cadre d'une étude Nutrinet-Santé, menée par le Pr Serge Hercberg, mais aussi par l'UFC-Que Choisir. En outre, le Haut Conseil de la Santé Publique a estimé en 2015 qu'il est le plus à même d'aider les consommateurs à choisir des aliments plus favorables à sa santé.

Les industriels voient rouge. Au départ, le système de logos à 5 couleurs était plébiscité par la ministre de la Santé. Mais revirement de situation : celle-ci a finalement annoncé, en mai dernier, la mise en place d'une expérimentation afin de comparer l'efficacité de quatre types d'étiquetages. En plus du "5C", un comité scientifique est donc actuellement chargé de tester l'étiquetage "feux tricolores" déjà utilisé en Grande-Bretagne, le système SENS, proposé par la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) ainsi qu'un étiquetage moins stigmatisant pour les produits (et bien moins clair pour les consommateurs) et proposé… par les industriels eux-mêmes. En juillet dernier, une enquête du Monde avait dénoncé l'accumulation de conflits d'intérêts dans les comités chargés de superviser cette étude et certains membres avaient démissionné, dont le président de l'Inserm qui avait critiqué la rigueur méthodologique de l'étude.

Reste à savoir si le fort lobby agroalimentaire fera plier le ministère de la Santé. En attendant, suite à l'émission Cash Investigation diffusée mardi soir, Michèle Rivasi, député européen, invitée sur le plateau a déclaré soutenir la pétition lancée sur le site change.org "Etiquetage alimentaire : les consommateurs veulent le codage en 5 couleurs."

Précisions encore que ce nouvel étiquetage ne se ferait que sur la base du volontariat, puisque le règlement européen interdit de le rendre obligatoire. Toutefois en faisant davantage ressortir les produits équilibrés, le code couleur devrait avoir un "effet incitatif" sur les industriels pour les pousser à améliorer leurs recettes.

Pour aller plus loin :
Anne Xaillé


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