Retarder la ménopause : Le pouvoir de certains fruits et légumes

La ménopause est un tournant dans la vie d’une femme. La disparition de l’activité folliculaire n’a pas que des conséquences physiologiques. Elles sont aussi psychologiques, symboliques et entament souvent le bien être d’une femme. En moyenne, la ménopause survient entre 46 et 52 ans. Plus elle est précoce, plus les conséquences pour la santé sont manifestes: la mortalité totale (principalement due à une augmentation des risques cardio vasculaires) augmente de 2% par année de précocité de survenue. Certains fruits et légumes peuvent avoir un rôle protecteur...

Alimentation : des données complexes

Il est important d’identifier des facteurs potentiellement modifiables du mode de vie qui peuvent influencer son installation. Selon diverses études entre 15 et 70% (l’intervalle est large...) de la variabilité dans l’âge de la ménopause sont d’origine non génétique. Ainsi le tabac accélérerait de 1 à 2 ans la survenue de la ménopause. Les relations avec l’IMC sont contradictoires, de même que celles concernant l’activité physique. Concernant l’alimentation, les données sont complexes. Il a été rapporté que les femmes végétariennes étaient ménopausées plus tôt que leurs consoeurs omnivores. Une autre étude a révélé un lien entre une forte consommation de légumes verts et jaunes et de fruits et une survenue plus tardive de la ménopause. Les données portant sur la consommation de graisses sont contradictoires. En revanche, la majorité des études retrouve une relation positive entre la consommation de protéines et une ménopause plus tardive.

Une étude chez 1146 femmes sur l’influence des micro et macronutriments alimentaires sur la survenue de la ménopause

Compte tenu des implications importantes entre la précocité de la ménopause sur la santé et la fertilité des femmes, une équipe de chercheurs australiens a conduit une étude dont le principal objectif était d’examiner l’influence des micro et macronutriments alimentaires (et secondairement du tabagisme et de l’exercice) sur l’âge de survenue de la ménopause. Les auteurs ont constitué un échantillon de 1458 femmes issues de la Melbourne Collaborative Cohort Study (MCCS). Cette large étude prospective regroupait plus de 24 000 femmes de 27 à 69 ans, recrutées dans la métropole de Melbourne entre 1990 et 1994. Son objectif principal était d’étudier les relations entre l’alimentation et le cancer. Leurs habitudes alimentaires ont été passées au crible au moyen d’un

questionnaire de fréquence de consommation alimentaire à 121 items portant sur l’année précédant l’entrée dans l’étude. Les 1458 femmes du sous-groupe constitué pour cette étude spécifique n’étaient pas ménopausées à l’entrée dans l’étude, mais le sont devenues à la seconde visite de suivi, environ 12 ans plus tard. La ménopause était classiquement définie par une absence de règles de plus d’un an. Ont été exclues de l’analyse finale les femmes ayant subi une ménopause chirurgicale, celles prenant un traitement hormonal substitutif ainsi que des suppléments vitaminiques. Au final la cohorte étudiée comportait 1146 femmes.

Des analyses statistiques ont étudié les différences entre l’âge de la ménopause et les quintiles de consommation en micro et macronutriments. Elles ont également porté sur les corrélations entre l’âge de la ménopause et les composants de l’alimentation. Des corrélations partielles ont été réalisées après ajustement sur le niveau d’éducation, le nombre de grossesses, l’âge des premières règles, l’IMC, le tabac, l’apport énergétique total, la consommation d’alcool et un index d’activité physique. Des analyses ont porté sur les différences entre les quintiles de ß cryptoxanthine (un puissant caroténoïde, de la sousfamille des xanthophylles, antioxydant et précurseur de la vitamine A) et la consommation de fruits. Des analyses en régression multiples ont été utilisées pour développer un modèle pour prévoir l’âge de la ménopause à partir de la consommation de ß cryptoxanthine.

Les macronutriments ont peu d’influence...

En moyenne les participantes étaient âgées de 46,8 ans à l’entrée dans l’étude et l’âge moyen de la ménopause était de 52 ans.

Globalement, leur alimentation était composée de 19% de protéines, 46% de glucides et 36% de graisses, représentant un apport énergétique moyen de 8600 kJ (environ 2000 kcal). Une corrélation positive a été notée entre l’âge de la ménopause et l’IMC,

la parité, et un haut niveau d’éducation. Les fumeuses étaient ménopausées 9 mois plus tôt que les non fumeuses. Concernant les nutriments, seules les protéines étaient corrélées avec l’âge de la ménopause mais après ajustement sur les facteurs confondants, cette relation n’était plus significative. Seule persistait une tendance avec les fibres.

Béta cryptoxanthine et fruits : un rôle certain

Plus intéressant : au sein des divers micronutriments l’âge de la ménopause était corrélé positivement avec l’apport en ß cryptoxanthine (r2 = 0.105, p< 0.001) et en fruits (r2 = 0.07, p = 0.01), cette relation demeurant significative après ajustement sur des covariables (ce qui n’était pas le cas pour la vitamine C et le Lycopène). L’apport en ß cryptoxanthine était également proportionnel à l’apport en fruits. Un modèle a pu être établi entre l’apport de ß cryptoxanthine et l’âge de la ménopause: une augmentation de 100 microgrammes par jour étant associé à un retard de 6 semaines de l’âge de la ménopause. Quand l’apport en ß cryptoxanthine était réparti en quintiles, on retrouvait une différence de 1,3 ans pour l’âge de la ménopause entre les quintiles les plus élevés et les plus bas. Cette étude est la première qui étudie le lien entre un vaste éventail de micronutriments et l’âge de la ménopause. Elle établit un lien entre l’apport en ß cryptoxanthine et ce dernier. Les mécanismes par lesquels la ß cryptoxanthine pourrait affecter le taux de perte folliculaire est encore mal connu. Celle-ci est présente dans le tissu ovarien. Elle pourrait agir par des effets antioxydants ou d’autres propriétés indépendantes...

Où trouver cette ß cryptoxanthine ? principalement dans les fruits jaunes et verts

La ß cryptoxanthine est principalement retrouvée dans les fruits jaunes et verts et dans les légumes en général. Cependant, les fruits les plus riches sont représentés par les mandarines, les oranges et les pèches (de l’ordre de 500 à 3000 mcg). Les légumes en contenant le plus sont le poivron rouge cuit (2071 μg/ 100g), le potiron cuit (1450 μg/ 100g), le poivron rouge cru (490 μg/ 100g), la carotte cuite (202 μg/ 100g) (source CIQUAL). Même si ces résultats nécessitent d’être confirmés par d’autres études, les auteurs considèrent qu’une alimentation apportant de l’ordre de 400 mcg par jour de ß cryptoxanthine peut potentiellement retarder le vieillissement ovarien de 1.3 années. Une bonne nouvelle pour vous Mesdames ! Mangez des mandarines, des oranges et des pêches pour rester jeune plus longtemps.

Pour aller plus loin :
D’après : LK. Pearce et K Tremellen, Influence of nutrition on the decline of ovarian reserve and subsequent onset of natural menopause, Human Fertility. 2016 Sep;19(3):173-9


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