Manger des fruits et légumes prolonge l’espérance de vie

02/12/2025

La consommation de fruits et légumes est liée à une espérance de vie plus longue. Les études confirment un effet direct sur la mortalité prématurée.

Manger des fruits et légumes allonge la vie. C’est un fait aujourd’hui établi par la recherche scientifique : une consommation régulière et suffisante de ces aliments est associée à une réduction marquée du risque de mortalité prématurée. Plusieurs années de vie peuvent être gagnées par ce simple ajustement alimentaire, alors même que les données mondiales révèlent une consommation encore largement insuffisante.

Un consensus scientifique sur la longévité alimentaire

La littérature scientifique converge sur un point : les personnes consommant régulièrement des fruits et légumes vivent plus longtemps. De multiples études épidémiologiques, portant sur des centaines de milliers de participants, ont mis en évidence une relation dose-dépendante entre la consommation de végétaux et la longévité. Autrement dit, plus l’apport est élevé, plus le risque de mortalité diminue.

Une étude de cohorte menée en Suède entre 1998 et 2010 illustre ce lien de manière significative. Elle révèle que les personnes consommant moins de cinq portions quotidiennes de fruits et légumes présentent une espérance de vie plus courte, jusqu’à trois ans en moins chez celles qui n’en consomment jamais. Le taux de mortalité chez ces dernières est 53 % plus élevé que chez les personnes atteignant les recommandations. La différence est également mesurable de manière isolée : ne jamais consommer de fruits revient à vivre en moyenne 19 mois de moins que ceux qui en mangent un par jour ; l’absence de légumes dans l’alimentation quotidienne se traduit, quant à elle, par une perte d’espérance de vie de 32 mois.

Des chiffres qui parlent : des années de vie en plus

Les données démographiques mondiales confirment l’ampleur du phénomène. Une consommation insuffisante de fruits est associée chaque année à 1,3 million de décès par accident cardiovasculaire et à 520 000 décès par coronaropathie. Du côté des légumes, on estime à 800 000 le nombre de décès liés à une consommation trop faible. L’Organisation mondiale de la santé classe cette carence nutritionnelle au sixième rang des facteurs de risque de mortalité, juste derrière le tabac.

Selon ses estimations, environ 1,7 million de décès pourraient être attribués à une consommation inadéquate de fruits et légumes, soit 14 % des décès associés au cancer gastro-intestinal, 11 % des maladies cardiaques et 9 % des AVC. Ces chiffres donnent la mesure d’un enjeu de santé publique global.

Pourquoi ça marche : les mécanismes de protection cellulaire

Les effets protecteurs des fruits et légumes s’expliquent par plusieurs mécanismes biologiques aujourd’hui bien documentés. Ces aliments sont particulièrement riches en antioxydants, dont les polyphénols, les flavonoïdes, les caroténoïdes ainsi que les vitamines C et E. Ces composés permettent de neutraliser les radicaux libres responsables du vieillissement cellulaire, contribuant ainsi à ralentir les processus de dégradation de l’organisme.

Les flavonoïdes, présents notamment dans les fruits colorés et les légumes verts, jouent également un rôle anti-inflammatoire, limitant l’apparition de nombreuses pathologies chroniques.

Autre élément déterminant : les fibres alimentaires. Essentielles au bon fonctionnement du microbiote intestinal, elles favorisent la production d’acides gras à chaîne courte bénéfiques pour la santé métabolique et immunitaire. Les fibres permettent aussi de réguler le taux de cholestérol, la glycémie, et participent au maintien d’un poids corporel stable. Or, 89 % des adultes français n’atteignent pas les 25 grammes quotidiens recommandés par l’OMS.

À cela s’ajoute la richesse des fruits et légumes en micronutriments essentiels, que l’organisme est incapable de synthétiser lui-même. Ils fournissent 73 % des apports en vitamine C, 42 % en vitamine B9, 38 % en vitamine A, et près de 30 % en potassium. Ce dernier joue un rôle central dans la régulation de la pression artérielle, facteur de risque majeur des maladies cardiovasculaires.

Un cœur en meilleure santé grâce aux végétaux

La consommation de fruits et légumes est associée à une diminution nette des maladies cardiovasculaires. Chaque portion supplémentaire de 200 g par jour réduit le risque de maladie coronarienne de 8 %, celui d’accident vasculaire cérébral de 16 %, et les maladies cardiovasculaires en général de 8 %.

Les méta-analyses les plus récentes confirment ces effets protecteurs. Une consommation élevée permettrait de réduire le risque d’AVC de 21 %, avec un effet plus marqué pour les fruits (23 %) que pour les légumes (14 %). Concernant les maladies coronariennes, chaque portion quotidienne de fruits est associée à une baisse de risque de 8 %.

400 g par jour, vraiment ? Jusqu’où vont les bénéfices ?

Depuis 2003, l’OMS recommande la consommation d’au moins 400 grammes de fruits et légumes par jour, soit l’équivalent de cinq portions de 80 g. Ces seuils s’appuient sur des décennies de recherches épidémiologiques démontrant que cette quantité constitue un niveau minimal pour observer des bénéfices mesurables sur la santé.

En France, le Programme National Nutrition Santé (PNNS), lancé en 2001, s’est inscrit dans cette ligne en adoptant le message : « au moins cinq fruits et légumes par jour ». L’objectif est de réduire d’au moins 25 % le nombre de petits consommateurs dans la population générale.

Des travaux plus récents, notamment ceux menés par la Harvard T.H. Chan School of Public Health sur plus de 100 000 participants suivis pendant trois décennies, suggèrent que la combinaison optimale serait de deux portions de fruits et trois portions de légumes par jour. Cette répartition offrirait le meilleur équilibre bénéfice/effort pour une adoption durable par le plus grand nombre.

Les effets positifs se poursuivraient même au-delà de ces seuils. Une méta-analyse de l’Imperial College London, qui regroupe 95 études et près de deux millions de participants, montre qu’une consommation quotidienne de dix portions (soit 800 g) permettrait de réduire le risque de décès prématuré de 24 % et celui d’AVC d’un tiers. L’impact est tel que si cette consommation était généralisée, près de 7,8 millions de décès prématurés pourraient être évités chaque année à l’échelle mondiale.

Une recommandation ignorée, un coût pour la société

Malgré l’accumulation des preuves scientifiques, l’adoption des recommandations reste marginale. En France, seulement 27 % des adultes atteignent le seuil des cinq portions quotidiennes. Le chiffre tombe à 9 % chez les enfants de 3 à 14 ans. Aux États-Unis, un adulte sur dix atteint ce niveau de consommation.

Ce décalage entre les connaissances scientifiques et les comportements alimentaires pose un défi majeur aux politiques de santé publique. En France, 60 % de la population est considérée comme « petit consommateur » de légumes. Des disparités sociales, économiques et culturelles contribuent à cette tendance, malgré la simplicité apparente du message nutritionnel.

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