La lutte mondiale contre le VIH/sida se trouve à un tournant. Selon un rapport publié par l’ONUSIDA, le soutien financier mondial destiné à la riposte contre le VIH pourrait connaître une baisse dramatique de 30 à 40 % par rapport aux années précédentes. Une chute qui frappe durement les pays à revenu faible et intermédiaire, où les services de prévention et de traitement sont déjà fragiles. Cette diminution des ressources est particulièrement inquiétante car elle menace de renverser des progrès pourtant fragiles.
Des impacts déjà visibles sur l’accès à la PrEP et la prévention
Les conséquences de cette crise sont déjà palpables. L’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP), un outil essentiel dans la prévention du VIH, est désormais limité, et plusieurs programmes ciblant les adolescentes et jeunes femmes ont été supprimés. L’ONUSIDA a révélé que, rien qu’en 2024, 570 nouvelles infections par jour concernaient des filles et des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans. Si la tendance persiste, l’organisation prévient qu’il pourrait y avoir 3,3 millions de nouvelles infections d’ici à 2030.
La situation des droits humains se dégrade simultanément
Cette crise de financement survient dans un contexte global où les droits humains, en particulier ceux des populations vulnérables, sont de plus en plus attaqués. Depuis 2008, le nombre de pays criminalisant les relations homosexuelles ou l’expression de genre a augmenté pour la première fois. Cette tendance complique encore l’accès aux soins pour les communautés marginalisées, qui se trouvent déjà souvent exclues des protections sociales et juridiques. La situation crée un cercle vicieux où la dégradation des droits complique la lutte contre le VIH.
Face à cette situation alarmante, Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, a lancé un appel pressant : « Derrière chaque donnée de ce rapport se trouvent des personnes — des bébés, des enfants, des jeunes femmes, des communautés entières. Nous ne pouvons pas les abandonner. » Elle appelle les gouvernements à renforcer leur engagement, à maintenir les financements pour la riposte au VIH et à soutenir l’innovation médicale et sociale, tout en défendant les droits humains.
Des pays africains réaffirment leur engagement
Malgré ce contexte difficile, certains pays africains se montrent résolus à intensifier leurs efforts. Le Nigeria, l’Ouganda, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et la Tanzanie ont annoncé leur volonté d’augmenter les financements nationaux pour la lutte contre le VIH. Ces initiatives, bien que cruciales, ne suffiront cependant pas sans un soutien international solide.
Les chiffres clés du VIH dans le monde
- Personnes vivant avec le VIH : 40,8 millions
- Nouvelles infections : 1,3 million en 2024
- Personnes sans accès au traitement : 9,2 millions