Les allergies croisées, de plus en plus fréquentes, provoquent des réactions inattendues à des aliments pourtant jamais consommés.
Les allergies croisées montent en puissance. Elles touchent un nombre croissant de patients, souvent pris de court par des réactions inattendues. Le mécanisme est simple : le système immunitaire, en alerte contre un allergène bien identifié – souvent un pollen – se met à confondre d’autres substances aux structures similaires. Une erreur de reconnaissance qui provoque des réactions en chaîne, parfois spectaculaires.
C’est une question de ressemblance moléculaire. Des protéines voisines, présentes dans des sources très différentes, peuvent tromper la vigilance du corps. Le cas des acariens de la poussière de maison et des crevettes en est l’illustration : leur structure protéique, conservée au fil de l’évolution, déclenche des réactions croisées. Même logique pour les arachides et certaines légumineuses. Le système immunitaire ne fait pas dans le détail.
Poissons, fruits ou latex : les grandes familles à risque
Les réactions croisées s’organisent en trois groupes bien identifiés. Le premier concerne les aliments proches sur le plan botanique ou zoologique. Une allergie aux noix peut ainsi s’étendre à d’autres fruits à coque, une réaction aux pois à d’autres légumineuses, un rejet d’un poisson à tous les poissons.
Le deuxième regroupe les interactions entre le latex et certains végétaux. C’est le fameux syndrome latex-fruit. Les victimes ? L’avocat, la banane, le kiwi, mais aussi la pomme de terre ou le poivron. Rien d’exotique, donc.
Troisième groupe : les liaisons dangereuses entre allergènes inhalés et allergènes alimentaires. Une personne allergique au bouleau peut réagir à une pomme ou à du céleri. Les acariens ? Ils ouvrent la porte à des allergies aux crustacés ou aux escargots. Le poil d’animal ? Il peut conduire à une intolérance au lait, au porc ou aux œufs. Les liens ne sont pas toujours logiques, mais ils sont bien documentés.
Démangeaisons, eczéma, choc : le spectre des réactions
Tout ne se joue pas sur le même ton. Les réactions croisées sont souvent bénignes. Le plus courant : le syndrome allergique oral. Picotements, démangeaisons, sensations de gonflement dans la bouche ou la gorge, généralement dans l’heure qui suit l’ingestion. C’est désagréable, rarement grave.
Mais certaines réponses du corps sont plus brutales. Crises d’asthme, éruptions cutanées, troubles digestifs ou chute de tension peuvent survenir. Et dans de rares cas, c’est la réaction anaphylactique – violente, rapide, potentiellement mortelle. Elle nécessite une prise en charge immédiate. Le danger existe, même s’il reste l’exception.
Bouleau, graminées, ambroisie : les coupables récurrents
Les pollens restent les déclencheurs les plus fréquents. Celui du bouleau est bien connu : il est lié à des réactions à la noisette, à la pomme, au céleri ou à la carotte. Les graminées, elles, provoquent des allergies croisées avec le melon, la tomate, les pois, voire certaines céréales. L’ambroisie, quant à elle, déclenche des réponses à la pastèque, à la courgette ou à la banane.
Le latex naturel s’invite aussi dans la liste, avec des protéines proches de celles de nombreux fruits. Avocat, kiwi, papaye, figue : autant de risques pour les sensibilisés. Là encore, c’est la similitude moléculaire qui gouverne, pas le bon sens alimentaire.
Face à ces réactions en cascade, la première étape reste l’observation. Noter les aliments consommés, les symptômes, les périodes de l’année. Un journal de bord permet d’identifier les déclencheurs.
L’évitement reste la règle, surtout pendant les saisons de forte pollinisation. Pour les cas sévères, une consultation allergologique est indispensable. Des tests permettent de préciser les sensibilisations, et l’immunothérapie peut apporter une solution durable dans certaines situations.