Alors que le marché des produits de santé naturelle explose en France, la distinction entre compléments alimentaires et suppléments nutritionnels reste floue pour de nombreux consommateurs. Pourtant, cette différence est essentielle pour éviter les mauvaises pratiques et les risques pour la santé.
Avec un chiffre d’affaires annuel d’un milliard d’euros, les produits de santé naturelle séduisent un public toujours plus large. En France, un adulte sur cinq et un enfant sur dix en consomment au moins une fois par an. Ce succès s’explique notamment par le vieillissement de la population et par une volonté croissante d’autonomie en matière de santé. Mais derrière les termes souvent utilisés de manière interchangeable – compléments et suppléments – se cachent des finalités très différentes.
Compléments alimentaires : répondre à des besoins biologiques précis
Les compléments alimentaires ont pour objectif de pallier des carences nutritionnelles identifiées ou de prévenir des déficiences à risque. Ils s’adressent à des populations spécifiques, pour qui les besoins en certains nutriments sont accrus ou mal couverts par l’alimentation.
Les femmes enceintes ou allaitantes, par exemple, doivent recevoir un apport contrôlé en vitamine B9 (ou folates), afin de prévenir les malformations fœtales. La vitamine D pendant la grossesse et la vitamine K en période d’allaitement sont également couramment prescrites.
Chez les personnes âgées, l’absorption des nutriments diminue alors que les besoins augmentent. La vitamine D est ici encore centrale, notamment pour prévenir l’ostéoporose. Les végétaliens, de leur côté, doivent obligatoirement recourir à des compléments de vitamine B12, absente de leur régime alimentaire, afin d’éviter des troubles métaboliques.
Suppléments nutritionnels : performance, confort et prévention
Contrairement aux compléments, les suppléments nutritionnels s’adressent à des individus ne souffrant d’aucune carence diagnostiquée. Leur usage relève d’un choix volontaire visant à améliorer certaines fonctions de l’organisme ou à compenser les effets de modes de vie contraignants.
Les sportifs de haut niveau en font un usage ciblé pour soutenir l’effort physique : vitamines du groupe B pour l’énergie, vitamines A, C et E pour protéger les cellules contre le stress oxydatif. Les fumeurs, dont le métabolisme est plus exposé à l’oxydation, ont eux aussi des besoins accrus en antioxydants, notamment en vitamine C.
Parallèlement, ces produits sont fréquemment utilisés dans une optique de bien-être : amélioration de l’aspect de la peau ou des cheveux, gestion du stress, soutien des fonctions cognitives ou réduction de la fatigue passagère.
Une offre multiple, entre vitamines, plantes et probiotiques
Le marché propose une très large palette de substances, disponibles sous forme de gélules, comprimés, poudres ou liquides. On distingue plusieurs grandes familles de produits :
- Les nutriments essentiels, tels que les 13 vitamines (de A à K), les sels minéraux et oligo-éléments comme le zinc ou le sélénium.
- Les concentrés naturels, dont les algues (spiruline, chlorella) riches en protéines et en fer.
- Les extraits de plantes, issus de la phytothérapie ou de l’aromathérapie : ginseng, huiles essentielles de Tea Tree ou Ravintsara.
- Les substances actives modernes, comme les probiotiques pour l’équilibre du microbiote, ou des hormones telles que la DHEA ou la mélatonine.
Automédication et surdosage : des risques réels et sous-estimés
L’apparente innocuité des produits naturels ne doit pas masquer les dangers d’une consommation inappropriée. Pour certaines vitamines – A, D, E, B6, B9 ou encore C – la marge entre dose efficace et dose toxique est étroite. Un excès de fer peut nuire au foie ; un surdosage chronique en vitamines E ou A peut même accroître le risque de cancers, notamment du poumon ou de la prostate.
L’achat de ces produits sur Internet constitue un risque supplémentaire. Certains compléments vendus en ligne contiennent des ingrédients interdits en Europe, notamment dans les domaines de la minceur ou de l’anti-âge. D’autres sont de simples placebos, inefficaces et mal contrôlés.
Il est donc impératif de consulter un professionnel de santé – médecin ou pharmacien – avant d’initier une cure, afin de s’assurer de sa pertinence et d’éviter les interactions médicamenteuses.
L’alimentation avant tout : la base d’une bonne santé
Malgré leur popularité, ni les compléments ni les suppléments ne doivent se substituer à une alimentation équilibrée. Pour la majorité de la population, les apports nutritionnels peuvent être couverts par une alimentation variée, riche en fruits, légumes, céréales complètes et protéines de qualité.
Les professionnels de santé rappellent que cinq portions quotidiennes de fruits et légumes suffisent à fournir une grande partie des vitamines et antioxydants nécessaires. Aucun produit concentré ne peut égaler les bienfaits physiologiques et sensoriels d’un repas complet, pris dans un cadre de vie sain.