Intolérance au lactose : le lait n’est pas toujours à bannir. Fromages et yaourts peuvent être bien tolérés. Découvrez comment les choisir.
Si l’intolérance au lactose, fréquente, n’est plus sous-estimée, certains suppriment à tort les produits laitiers. Compte tenu de conséquences nutritionnelles néfastes, l’objectif unique doit être d’améliorer la tolérance en cas de troubles digestifs gênants, tout en s’appuyant sur les recommandations les plus récentes.
Le mythe, en trois idées fausses
Les enfants peuvent être touchés. C’est aussi exceptionnel chez eux et rarissime chez les bébés que courant chez l’adulte, ce que confirme encore la pédiatrie française en 2025 : l’activité de la lactase est très élevée chez le nourrisson et son déclin significatif ne commence qu’après le sevrage, entre 2 et 5 ans. À partir de 5 ans, cette diminution explique l’apparition progressive des symptômes chez l’enfant et surtout l’adulte. Selon les dernières données, environ 20 % des adultes seraient concernés en France, ce qui reste bien moins que la moyenne mondiale de 70 à 75 %.
C’est une « allergie au lait » ! Non, cette intolérance est causée par un déficit en lactase, l’enzyme capable de dégrader le lactose du lait. Elle n’a rien à voir avec l’allergie aux protéines de lait de vache, 4e allergie alimentaire chez l’enfant, d’origine immunologique.
En cas de troubles digestifs, tous les produits laitiers sont concernés. Surtout pas : s’il y en a un seul à éviter, c’est le lait, presque toujours mal absorbé dès lors que la lactase manque. En revanche, de nombreux produits fermentés (yaourts riches en ferments, fromages affinés tels que camembert, brie, bleu, cheddar) contiennent soit très peu de lactose, soit des ferments facilitant sa digestion, et sont fréquemment tolérés, y compris par les plus sensibles.
La réalité, en trois recommandations
L’intolérance ne provoque que dans 50 à 70 % des cas des symptômes gênants (douleurs, ballonnements, diarrhées, nausées, maux de tête) : le lactose n’explique pas toutes les douleurs abdominales. Cette « malabsorption » doit être diagnostiquée après ingestion contrôlée. Le test respiratoire à l’hydrogène reste la référence ; il est complété de plus en plus souvent par des tests d’éviction/réintroduction encadrés ou, dans des contextes particuliers, par des analyses sanguines ou biopsies intestinales.
Des recherches récentes ont démontré que le lactose est mieux toléré s’il est ingéré avec d’autres aliments, au cours d’un repas, ou sous forme de yaourt ou de fromage affiné. Tout ce qui ralentit la vidange gastrique peut atténuer les symptômes. Les boissons lactées cacaotées feraient l’objet d’une meilleure tolérance pour beaucoup, selon des observations en pratique clinique. Il est essentiel de faire un bilan complet pour réduire mais aussi conserver les produits laitiers bien absorbés : limiter les carences en calcium, protéines, phosphore, vitamines B2 et D, est aujourd’hui rappelé par toutes les autorités de santé.
L’intolérance n’est pas forcément définitive. En cas de symptômes persistants, la suppression est à conseiller pendant 2 à 4 semaines, compensée par d’autres apports en protéines et calcium (laits végétaux enrichis, tofu, alternatives calciques). En cas d’amélioration, la réintroduction graduelle est recommandée.
Actualités et pistes récentes
- Les compléments enzymatiques à base de lactase permettent occasionnellement de consommer du lactose sans symptôme, mais leur usage régulier est discuté pour des raisons économiques et d’efficacité : ils constituent aujourd’hui une aide ponctuelle, notamment lors de repas à l’extérieur ou imprévus.
- La recherche se penche sur le rôle du microbiote : la présence de certaines bactéries intestinales et une supplémentation en probiotiques pourraient améliorer la tolérance digestive au lactose, bien que l’efficacité reste variable d’un individu à l’autre. Certaines souches (Lactobacillus, Bifidobacterium) présentent un intérêt potentiel, mais le bilan scientifique n’est, fin 2025, pas encore tranché.
Spécificités chez l’enfant
Chez le nourrisson, l’intolérance vraie est rarissime et souvent liée à des maladies génétiques exceptionnelles. L’apparition de signes digestifs chez les jeunes enfants doit plutôt conduire à rechercher une pathologie intestinale aiguë ou chronique, ou, beaucoup plus rarement, une forme congénitale. Chez l’enfant plus grand, la gestion repose principalement sur le fractionnement des apports lactés et de possibles substitutions végétales enrichies (sous contrôle médical), notamment chez les moins de deux ans.
Conseils pratiques et conclusion
- Éviter le « tout sans-lactose » sans bilan médical, pour ne pas augmenter les risques de carences.
- Privilégier les produits fermentés et les alternatives peu ou pas lactées, toujours dans une démarche adaptée à la tolérance individuelle.
- Recourir ponctuellement aux enzymes de lactase, en particulier lors de repas au restaurant ou en voyage.
- Considérer l’intérêt du microbiote et des probiotiques comme pistes futures à surveiller.
Actualiser l’approche, c’est aussi éviter les régimes restrictifs injustifiés et insister sur l’importance d’un bilan personnalisé, au bénéfice du confort digestif et d’un équilibre nutritionnel optimal.