Maladies cardiovasculaires : bannissez les aliments transformés !

02/12/2025

L’OMS tire la sonnette d’alarme : une consommation régulière d’aliments transformés augmente le risque de maladies cardiovasculaires.

Le 30 juillet 2025, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé à 19,8 millions le nombre de décès imputables aux maladies cardio-vasculaires, soit 32% de la mortalité mondiale totale. Les projections restent préoccupantes, avec 35,6 millions de décès attendus d’ici 2050. En France, on enregistre environ 140 000 morts par an, faisant des maladies cardiovasculaires la deuxième cause de mortalité, et la première chez les plus de 85 ans. Parmi les facteurs de risque majeurs : le tabagisme, la mauvaise alimentation, l’obésité, la sédentarité, l’utilisation nocive de l’alcool et, nouveauté largement documentée, la consommation d’aliments ultra-transformés.

Sucre, gras : une controverse réévaluée

Qui du gras ou du sucre est le plus à blâmer dans l’explosion mondiale des décès liés aux maladies cardiovasculaires ? La réponse évolue : dès les années 1950, des scientifiques analysent l’impact de l’alimentation sur la santé cardiovasculaire. Mais alors que des résultats mettaient déjà en cause le sucre, il est reconnu aujourd’hui que l’industrie sucrière a financé et influencé des études de 1965 pour minimiser l’impact du sucre et blâmer les graisses. Ces études « commanditées » ont contribué à façonner la perception publique durant plusieurs décennies, à la manière de la stratégie de « fabrique du doute » déjà documentée chez les industriels du tabac. Les archives révélées récemment montrent que la Sugar Research Foundation intervenait sur les contenus scientifiques et la publication.

Les recherches modernes nuancent l’approche : tous les sucres n’ont pas le même impact. Les boissons sucrées restent particulièrement délétères, avec une augmentation du risque d’incident cardiovasculaire et de diabète de type 2, même à faible dose (augmentation de 20% pour 250g/jour).

La nouvelle priorité des aliments ultra-transformés

Aujourd’hui, la recherche cible massivement les aliments ultra-transformés (AUT), associés à un risque accru de maladies chroniques (diabète de type 2, maladies cardio-vasculaires, cancers colorectaux). Une consommation régulière, même modérée, augmente le risque d’événements cardiovasculaires, indépendamment d’autres facteurs.

Les dernières études révèlent le lien déterminant entre santé cardiovasculaire et microbiote intestinal. Certains métabolites, comme la TMAO produite par des bactéries intestinales, sont désormais reconnus comme associant un risque doublé d’accidents cardiovasculaires. À l’inverse, la consommation accrue de fibres favorise la production d’acides gras à chaîne courte, bénéfiques pour la santé cardiovasculaire.

Le rôle du microbiote intestinal

La médecine et la nutrition n’offrent pas de vérité définitive. Les discours médicaux et diététiques évoluent au fil des nouvelles preuves et des méta-analyses. Les critiques sur l’étude des « Sept Pays » conduite par Ancel Keys mettent en évidence des biais historiques et un effet manipulation méthodologique (exclusion de pays aux profils divergents). Aujourd’hui, la distinction entre produits laitiers allégés et entiers n’est plus justifiée dans les recommandations adultes, faute d’un bénéfice avéré du tout allégé.

Recommandation pour réduire le risque cardiovasculaire

Les recommandations 2024-2025 de la Société Européenne de Cardiologie (ESC), validées par Santé publique France, ont évolué :

Aliment/RecommandationConseils
Fibres> 30 g/jour
Produits céréaliersPrivilégier les complets, limiter raffinés
Fruits oléagineux & légumineusesÀ consommer plus souvent
Huiles mono/poly-insaturéesOlive, colza, noix mieux notées (Nutri-Score)
Graisses saturéesLimiter, mais sans exclusion systématique
Sel< 5g/jour
Sucres ajoutés (libres)< 10% de l’apport énergétique
Aliments ultra-transformésRéduire au maximum : fort risque attesté
Boissons sucréesA éviter
ÉviterExcès d’alcool, charcuteries, produits ultra-transformés, sel en excès

À cela s’ajoutent :

  • Favoriser une alimentation riche en fibres (effet sur le microbiote et la régulation glycémique)
  • Choisir des produits avec un bon Nutri-Score, qui fait l’objet d’une actualisation en 2025 pour mieux classer huiles végétales, céréales complètes et aliments ultra-transformés

Activité physique

  • Marcher 4 000 à 10 500 pas par jour est déjà protecteur, l’optimum cardiovasculaire étant atteint dès 9 000 pas
  • Pratiquer au moins 150 à 300 minutes/semaine d’activité d’endurance modérée, soit environ 30 minutes/jour
  • Intégrer du renforcement musculaire 1-2 fois/semaine
  • Etirer régulièrement après l’échauffement (2-3x/semaine)
  • Réduction dose-dépendante du risque de mortalité et d’insuffisance cardiaque

L’intégration des données du microbiote ouvre la voie à une médecine nutritionnelle personnalisée (fibres, aliments fermentés). Par ailleurs, la Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat (SNANC) 2025-2030 fait converger prévention cardiovasculaire et impact environnemental pour une approche plus durable.

La prévention cardiovasculaire doit évoluer au rythme des preuves, en dépassant les dichotomies simplistes sucre/gras, pour intégrer la qualité de l’alimentation globale et l’impact des aliments ultra-transformés, du microbiote et de l’activité physique. L’expertise médicale, mais aussi la transparence sur l’origine et l’indépendance des études, constituent le socle d’une information adaptée au patient — dans une optique de santé et de durabilité.

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Journaliste | Santé & Alimentation

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