Apéritifs pour bébé : attention danger !

18/12/2025

Des biscuits soufflés pour bébés de moins d’un an s’imposent comme des produits du quotidien. Pourtant, leur composition et leur usage entre les repas interrogent nutritionnistes et parents.

Des biscuits soufflés et des mini-gressins destinés à des bébés de moins d’un an s’installent dans les rayons, portés par des promesses de praticité et des arguments de packaging. Le phénomène s’inscrit dans un marché mondial valorisé entre 12,56 milliards de dollars et 14,2 milliards de dollars en 2024, avec des projections de croissance sur la décennie à venir. Des analyses et experts pointent la place de l’ultra-transformation et les habitudes de grignotage que ces produits peuvent encourager.

Des biscuits soufflés et mini-gressins pour des bébés de moins d’un an

Des marques comme Blédina, Good Goût, HiPP Bio et Kiddylicious vendent des biscuits soufflés et des mini-gressins pour des enfants de moins d’un an. Les produits sont souvent proposés en petits sachets, avec une mise en scène proche des chips et snacks apéritifs. Certains messages marketing mettent en avant la motricité fine ou la teneur en légumes, au cœur de l’argumentaire produit. L’offre inclut aussi des formats de mini-gressins ou « mini-baguettes » présentés comme consommables à tout moment de la journée. La texture fondante de certains biscuits est obtenue par cuisson-extrusion, décrite comme un procédé industriel de transformation intense. Des mentions comme « bio » ou « sans sucres ajoutés » sont utilisées et peuvent produire un « halo santé » rassurant pour les parents.

Un marché mondial chiffré en milliards

Le marché mondial des « baby snacks » est estimé à 12,56 milliards de dollars en 2024 selon une évaluation. Une autre estimation situe ce marché à 14,2 milliards de dollars en 2024, avec une projection à 25,2 milliards de dollars d’ici 2034. Les prévisions de croissance annuelle moyenne évoquées se situent entre 5,8% et 6% sur la décennie à venir. Le segment des produits destinés aux enfants de 12 à 24 mois représente environ 34,7% des parts de marché en 2024. Ces chiffres installent l’idée d’un secteur structuré, au-delà d’un simple effet de rayon.

Le marketing pèse dans les choix des parents

Une étude menée auprès de 271 parents britanniques indique que 173 d’entre eux utilisent des aliments commerciaux pour bébés, y compris des snacks, motivés par la commodité et les messages marketing. Dans cette enquête, les soufflés et bâtonnets de légumes figurent parmi les snacks les plus achetés pour des bébés de 4 à 12 mois. La même publication met en avant le poids de la praticité et du marketing dans l’achat de produits ultra-transformés. Certains emballages valorisent des allégations comme « bio » ou « sans sucres ajoutés », décrites comme créant un « halo santé ». L’argument des légumes apparaît comme un élément récurrent du positionnement, en parallèle des bénéfices perçus par les parents.

Ces snacks sont décrits comme proches des snacks apéritifs soufflés pour adultes, reformulés pour fondre plus vite dans la bouche. La base repose sur des céréales extrudées ultra-transformées, dans une logique de produit soufflé et industrialisé. L’offre mentionne la cuisson-extrusion comme procédé central pour obtenir certaines textures. Selon 60 Millions de consommateurs, 88% des produits ciblant les enfants analysés dans une enquête de septembre 2025 sont classés comme ultra-transformés. Le First Steps Nutrition Trust indique que certains snacks salés pour bébés peuvent présenter des densités énergétiques et des teneurs en sel parmi les plus élevées des aliments infantiles.

Une consommation fréquente entre les repas, parfois dès 6 mois

Près de 87% des parents interrogés dans une enquête britannique déclarent donner régulièrement des snacks transformés à leur enfant entre les repas. Les parents cités privilégient ces snacks pour leur aspect moins salissant et pour occuper ou calmer l’enfant, parfois dès l’âge de 6 mois. Une part significative des parents, 72%, croit à tort que l’âge recommandé pour introduire ces snacks est inférieur à 12 mois. Les usages décrits associent ces produits à des moments hors repas, dans une logique d’occupation ou d’apaisement. L’enquête évoque une installation de routines de consommation entre les repas, au-delà d’une simple prise alimentaire ponctuelle.

La plupart de ces snacks reposent sur une base de céréales extrudées ultra-transformées, décrites comme habituant l’enfant à grignoter hors repas et sans faim. 60 Millions de consommateurs rapporte des alertes d’experts sur le risque d’habituer les enfants à manger sans faim, dans des usages liés à l’occupation ou au confort. Les mêmes alertes mentionnent des textures uniformes qui ne favorisent pas l’apprentissage de la satiété. Véronique Gingras, professeure adjointe au département de nutrition de l’Université de Montréal, étudie le rôle de la nutrition précoce dans la prévention de l’obésité infantile. Les alertes rapportées insistent sur l’installation possible de routines de grignotage et sur l’exposition précoce à des produits très transformés.

Sources
60 Millions de consommateurs, 10/09/2025.
Straits Research, 2024.
Global Market Insights, 2025.
First Steps Nutrition Trust, 06/2023.
Hollinrake et al., 2024.
News-Medical, 23/06/2025.
Université de Montréal, 18/02/2019.

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