Santé : la taxe soda est-elle efficace ?

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24/11/2025

La taxe soda, renforcée en 2025, vise à réduire la consommation de boissons sucrées en France. Un outil fiscal efficace pour la santé publique ?

La taxe sur les boissons sucrées est aujourd’hui un instrument fiscal central des politiques de santé publique dans de nombreux pays, visant à lutter contre la surconsommation de sucres ajoutés, le surpoids, le diabète et d’autres maladies chroniques. En France, la « taxe soda », instaurée depuis 2012 et renforcée en 2018 puis en 2025, illustre l’évolution des stratégies pour décourager la consommation de ces boissons et inciter l’industrie à revoir ses formules.

Évolution du dispositif en France

En 2025, la taxe soda s’élève désormais de 5 à 35 centimes par litre selon la teneur en sucres ajoutés, avec un barème progressif qui cible plus fortement les boissons très sucrées (hors jus 100%, eaux, boissons lactées sans sucre ajouté). Cette fiscalité vise deux objectifs majeurs : influencer les choix des consommateurs par le levier prix et accélérer la reformulation des produits par les industriels. En 2023, la taxe a rapporté 443 millions d’euros à l’État et son renforcement devrait générer près de 300 millions supplémentaires.

Efficacité sur la consommation et l’offre

Les études internationales et nationales récentes montrent que cette taxe :

  • Réduit la consommation de boissons sucrées, avec des baisses enregistrées de 2,5 % à 19 % selon la population.
  • Accélère la reformulation par les industriels : au Royaume-Uni, par exemple, la proportion de sodas fortement sucrés est passée de 49 % à 15 % en 4 ans, et la teneur moyenne en sucre a chuté de 45 %.
  • Engendre une substitution vers d’autres boissons non taxées, (eaux, jus non sucrés…), mais favorise surtout une baisse globale des apports en sucres dans l’alimentation.

En France, le premier modèle (taux fixe) avait peu d’impact sur la consommation et la reformulation. Depuis le passage à la taxe progressive, les industriels ont davantage modifié les recettes, notamment pour les boissons intermédiaires en sucre.

Effets sur la santé publique

La littérature scientifique pointe désormais des bénéfices sur la santé :

  • Réduction du risque d’obésité, en particulier chez les enfants et adolescents : une méta-analyse récente associe l’instauration d’une taxe à une baisse du surpoids et de l’obésité jusqu’à 3 % dans certains groupes à dix ans.
  • Diminution du risque de diabète de type 2 et amélioration des indicateurs métaboliques dans les pays ayant appliqué la taxe sur une période suffisante.
  • Meilleure équité : les effets sont plus visibles dans les milieux à faibles revenus, participant à la réduction des inégalités de santé.

Limites et débats

Quelques défis persistent :

  • L’effet sur les ventes n’est maximal que si la hausse de prix est significative (au moins 20 %).
  • Certaines catégories sucrées (jus de fruits, smoothies) échappent encore à la taxe, limitant l’impact à l’échelle nutritionnelle globale.
  • Les industriels s’adaptent parfois en lançant de nouveaux produits non taxés (eaux aromatisées, boissons édulcorées), ce qui nécessite un suivi régulier du dispositif.
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Nicolas Martin est journaliste spécialisé dans les questions de santé.

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