La prévention contre la survenue des cancers est à l'heure actuelle l'un des principaux sujets de recherche en santé publique. Parmi ces recherches, la nutrition rentre en ligne de compte tant au niveau de la prévention primaire que secondaire de certains cancers. Mais une fois un diagnostic de malignité posé, le patient n'est que trop souvent pris en charge uniquement par des traitements anti-tumoraux (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie).
Mais avec une amélioration du pronostic vital grâce à l'évolution des traitements, la cancérologie doit maintenant faire face à des problèmes de cachexie et de dénutrition souvent dus a un traitement lourd qui a modifié le goût, l'odorat ou bien même entraîné des problèmes de déglutition et de mastication, rendant le patient incapable de s'alimenter comme à son habitude.
Depuis 1990, des outils de mesure de la qualité de vie dans les essais cliniques ont souligné l'importance des traitements non cytotoxiques en cancérologie, regroupés sous le terme de « soins de support »
Document réalisé par D. Guyonnet (Diététicien Nutritionniste)
Nutrition et prévention primaire de certains cancers
Cancer du sein
En prévention primaire, le rôle de la surcharge pondérale en tant que facteur de risque du cancer du sein a fait l'objet d'une littérature abondante.
Les mécanismes physiopathologiques en cause commencent à être connus : rôle de l'IGF-1 (sur la croissance tumorale), effet direct des adipokines (notamment leptine et adiponectine) sur le cancer du sein, sécrétion par l'adipocyte de cytokines proinflammatoires et pro-angiogéniques, surproduction de composés oxygénés réactifs et stress oxydatif, ...
Il a par exemple été montré dans une série récente que l'IGF-1 régulait des gènes responsables de la prolifération cellulaire et de l'hormonorésistance [1].
Il est, par ailleurs, aujourd'hui admis que l'obésité n'est pas seulement un facteur de risque mais également un facteur de mauvais pronostic du cancer du sein, sans que nous sachions clairement si cela doit justifier des mesures thérapeutiques spécifiques [2].
Un IMC élevé est associé à des taux de réponse histologique et une survie moindres dans une série récente de plus de 1 000 patientes traitées par chimiothérapie première et atteintes de tumeurs opérables [3].
Plusieurs études ont permis d'observer, après une chimiothérapie adjuvante, une diminution de la masse maigre sans pour autant une perte de poids. Il sera donc nécessaire de restaurer l'activité physique pour reformer la masse musculaire.
[1] Creighton C.J., Casa A., Lazard Z.W. et al. Insulin-Like Growth Factor-I Activates Gene Transcription Programs Strongly Associated With Poor Breast Cancer Prognosis. J. Clin. Oncol., 2008, 25, 4078-4085.
[2] Bastarrachea J., Hortobagyi G.N., Smith T.L. et al. Obesity as an adverse prognostic factor for patients receiving adjuvant chemotherapy for breast cancer. Ann. Int. Med., 1994, 120, 18-25.
[3] Litton J.K., Gonzalez-Angulo A.M., Warneke C.L. et al. Relationship between Obesity and Pathologic Response to Neoadjuvant Chemotherapy among Women with Operable Breast Cancer. J. Clin. Oncol., 2008, 26, 4072-4077.
Cancer du côlon
Selon différents travaux (américains et européens), la consommation de fibres protègerait les cellules intestinales de l'effet délétère des acides biliaires et permettrait de diluer et d'absorber les agents inducteurs de cancer, en les évacuant plus vite de l'organisme, par accélération du transit intestinal.
A l'heure actuelle notre ration en fibres est inférieure à la ration souhaitable. Il faudrait donc augmenter la consommation en légumes, légumineuses, produits complets et fruits.
Selon un rapport récent, l'effet protecteur de l'activité physique sur le risque du côlon est jugé convaincant. On sait que l'obésité et plus particulièrement l'adiposité abdominale, favorise la production de concentrations supérieures à la normale d'hormones et de facteurs de croissance propices à la croissance des cellules cancéreuses.
Par exemple, une production élevée d'insuline. L'activité physique permet de diminuer l'insulino-résistance des cellules.
Cancer de la prostate
Le rôle du sélénium dans l'apparition du cancer a été étudié de manière approfondie ces dernières années. Bien qu'il existe des mécanismes plausibles selon lesquels les sélénoprotéines pourraient réduire le risque de cancer (par exemple en s'attaquant aux radicaux libres qui infligent des lésions à l'ADN), les chercheurs ont conclu que les preuves voulant que les aliments contenant du sélénium confèrent une protection contre le risque de cancer étaient limitées, exception faite cependant du cancer de la prostate. Les sélénoprotéines peuvent en effet diminuer le risque de cancer de la prostate car elles interviennent dans la production de testostérone, qui est un régulateur important de la croissance prostatique normale et anormale.
Le sélénium est présent dans la plupart des aliments, mais ce sont les fruits secs (et notamment les noix du Brésil), le poisson et les fruits de mer, les abats (rein, foie) et les viandes qui en sont les meilleures sources.
Cancer de l'endomètre
Tout comme le cancer du côlon ou du sein, les études ont montrées que l'obésité favorisait ??? le cancer ou une récidive du cancer de l'endomètre.
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Recherches et données actuelles
Acrylamide
L'acrylamide est une substance chimique qui se forme dans certains aliments cuits à des températures élevées (au-dessus de 120 degrés Celsius ou 250 degrés Fahrenheit). Il semble que les quantités d'acrylamide augmentent avec la durée de la cuisson. Des concentrations importantes d'acrylamide ont été observées dans les pommes de terre frites, les croustilles, les biscuits, le café, les céréales transformées et le pain.
A ce stade, la science ne peut pas encore établir de lien entre le cancer et les concentrations d'acrylamide dans les aliments.
Aliments biologiques
Même si certaines personnes se tournent vers des aliments biologiques parce qu'elles les croient plus sains et plus sûrs, il n'existe aucune donnée probante montrant qu'ils le sont vraiment. La différence entre les aliments biologiques et non biologiques réside dans les méthodes de culture et de traitement.
Pour bien des gens, la décision de consommer des aliments biologiques repose sur des craintes quant à l'usage de pesticides et à l'environnement. Cependant, les polluants peuvent contaminer tous les aliments, qu'ils soient biologiques ou non. C'est pourquoi tous les fruits et légumes doivent être lavés à grande eau.
Comment minimiser les résidus de pesticides sur les légumes et les fruits
Il est possible de réduire et souvent même d'éliminer les résidus de pesticides sur les légumes et les fruits frais si vous :
- lavez soigneusement tous les légumes et fruits frais à l'eau courante; - brossez au besoin la peau des légumes et des fruits que vous n'enlevez pas, par exemple pommes, pommes de terre, concombres ou autres; - pelez les légumes et les fruits et retirez les premières branches des légumes-feuilles avant de les laver soigneusement, bien que malheureusement, le fait de peler les légumes et les fruits peut également éliminer une partie de leurs nutriments et fibres.
Légumes et fruits biologiques
A l'heure actuelle, nous ne disposons pas de preuves concluantes que les légumes et fruits biologiques contribuent davantage à réduire le risque de cancer que les mêmes aliments produits au moyen d'autres méthodes agricoles.
Selon un petit nombre d'études : la valeur nutritive des légumes et fruits traités aux pesticides est inférieure; la réduction de l'exposition aux pesticides diminue la quantité de pesticides qui s'accumule dans l'organisme.
Pesticides
L'exposition à des pesticides peut accroître votre risque personnel de développer un cancer.
La plupart des études ont porté jusqu'ici sur l'exposition professionnelle, c'est-à-dire en milieu de travail; les pesticides ont été associés au lymphome non hodgkinien, à la leucémie ainsi qu'aux cancers de la prostate, du rein, du cerveau et du poumon.
Les données démontrent également que les enfants seraient particulièrement sensibles aux effets nocifs de ces produits chimiques.
Plus d'information d'ordre scientifique sur l'exposition aux pesticides et le risque de cancer
Les pesticides comprennent différentes substances :
- les insecticides (contre les insectes ravageurs); - les herbicides (contre les mauvaises herbes); - les fongicides (contre les maladies causées par les champignons); - les rodenticides (contre les rongeurs); - les fumigènes (substances utilisées sous forme gazeuse afin d'éliminer les insectes).
Ces substances chimiques peuvent être utilisées pour différentes raisons dans différents contextes, que ce soit pour éliminer les parasites qui nuisent à notre santé, à notre sécurité ou à notre approvisionnement alimentaire, ou encore pour améliorer l'apparence d'une pelouse ou d'un jardins (fins ornementales ou esthétiques).
Arsenic et eau potable
L'arsenic est une substance naturellement présente dans la roche et le sol. Les Français sont susceptibles d'absorber de très faibles quantités d'arsenic dans l'eau qu'ils boivent. Les concentrations d'arsenic dans l'eau potable sont toutefois plus élevées dans certaines régions que dans d'autres.
L'eau potable contaminée à long terme par une grande quantité d'arsenic accroît le risque de plusieurs types de cancer, y compris ceux du poumon, du foie, de la vessie ainsi que certains cancers cutanés.
En fonction des régions, la teneur en arsenic varie de 10 à 50 µg/l.
Mais il est important de souligner que la règlementation sur l'eau potable ne s'applique pas aux eaux minérales et que certaines d'entre elles sont elles aussi extrèmemet chargées en arsenic. Ainsi sur 74 eaux minérales analysées en 1995 par le réseau national de santé publique (nouvellement nommé : Institut de Veille Sanitaire), 24 présentaient des teneurs en arsenic supérieures à 10 µg/l, 4 dépassaient 50 µg/l et 2 dépassaient 100 µg/l.
Pour conclure, il n'est pas mieux de consommer plus un type d'eau qu'une autre, mais de varier entre eau potable et minérale.
Eau chlorée
La recherche semble indiquer que l'eau potable traitée par le chlore sur une longue période accroît légèrement le risque de développer le cancer de la vessie et peut-être le cancer colorectal.
Le chlore ajouté dans l'eau s'amalgame avec les matières organiques (par exemple, les feuilles mortes ou les particules de sol) présentes dans l'eau. Il se forme alors de nouvelles substances chimiques, appelées sous-produits de la chloration, qui demeurent dans l'eau.
Ces sous-produits de la désinfection par le chlore accroissent le risque de cancer. La quantité de sous-produits qui se forment dans l'eau dépend de la quantité de matières organiques présentes et de la quantité de chlore utilisée pour le traitement.
Nous ne prônons pas la consommation d'eau embouteillée au lieu de l'eau du robinet.
Edulcorants artificiels
On retrouve des édulcorants artificiels dans une grande variété d'aliments et de boissons.
De nombreuses études arrivent à la même conclusion : les édulcorants artificiels, ou succédanés du sucre, ne sont pas associés à un risque accru de cancer chez les êtres humains.
Si vous voulez faire de bons choix, souvenez-vous que les régimes alimentaires riches en sucre sont généralement riches en calories. Le fait de remplacer le sucre par des édulcorants artificiels dans les gâteaux, les friandises et les boissons gazeuses peut réduire le nombre de calories dans ces aliments, mais ne les rend pas meilleurs pour la santé.
Lait, calcium et vitamine D
Le lait et les produits laitiers tels que le yogourt et le fromage sont d'excellentes sources de calcium. ???Au Canada????, le lait est enrichi de vitamine D.
Le calcium et la vitamine D jouent un rôle complémentaire pour garder les os en santé. Votre alimentation risque de ne pas combler vos besoins en calcium si vous ne consommez pas de produits laitiers quotidiennement.
Consommez une variété de produits laitiers, en essayant de choisir des produits à faible teneur???????????????????????????.
Soja ou Soya
Les produits comme le tofu, le lait de soya, les fèves de soya et les noix de soya sont une excellente source de protéines.
Ils sont des substituts de viande sains et faibles en matières grasses.
Les chercheurs ont étudié le rôle du soya dans un certain nombre de problèmes de santé. Le soya contient des composés phytochimiques semblables aux strogènes, de sorte qu'il peut contribuer à réduire le risque d'ostéoporose et de maladies cardiaques.
Les études des effets du soya sur le risque de cancer ne sont pas concluantes.
Suppléments de vitamines et de minéraux
De bons choix alimentaires constituent le meilleur moyen d'obtenir toutes les vitamines et tous les minéraux dont vous avez besoin.
La vitamine D fait exception.
En effet, certaines ethnies (populations africaines) ou les personnes â;gées et petits enfants peuvent avoir besoin d'un supplément de vitamine D en fonction de la saison. Les preuves sont de plus en plus nombreuses concernant le fait que la vitamine D pourrait réduire les risques de certains types de cancer, particulièrement les cancers colorectal, du sein et de la prostate.
On peut obtenir la vitamine D en s'exposant à la lumière du soleil, en consommant certains aliments (surtout les aliments enrichis en vitamine D) ou en prenant des suppléments vitaminiques.
A cause de la latitude nord de certains pays et parce que les rayons du soleil y sont plus faibles, on recommande aux adultes la prise d'un supplément de vitamine D durant les mois d'automne et d'hiver. Vous risquez de ne pas avoir un apport adéquat en vitamine D si :
- vous avez 50 ans ou plus; - vous avez une pigmentation foncée; - vous vivez dans les pays du grands nord; - vous ne sortez pas souvent à l'extérieur; - vous portez des vêtements recouvrant la majeure partie de votre peau.
Discutez avec votre médecin de la possibilité de prendre 1 000 unités internationales (u.i.) quotidiennement durant les mois d'automne et d'hiver.
Les bébés nourris exclusivement au lait maternel risquent de souffrir de carence en vitamine D; c'est pourquoi les experts recommandent de leur administrer un supplément de vitamine D en fonction du mode d'alimentation et de l'ethnie.