L’optimisation de nos modèles alimentaires simultanément du point de vue de la santé et de celui de la durabilité environnementale est une thématique de recherche encore émergente. Afin de prendre en compte toutes les facettes de l’alimentation ainsi que les différentes dimensions de la durabilité, l’utilisation de modèles mathématiques complexes semble être la méthodologie la plus prometteuse.
Améliorer nos modèles alimentaires pour qu’ils soient plus respectueux de l’environnement est un défi que la communauté scientifique tente d’aborder depuis une dizaine d’années. Cette amélioration environnementale ne doit cependant pas se faire aux dépens de la qualité nutritionnelle de notre alimentation. Des chercheurs hollandais ont réalisé une revue de littérature afin d’identifier et de catégoriser les différentes approches existantes pour rendre opérationnels des modèles alimentaires optimisés à la fois sur les aspects de la santé et de la durabilité environnementale.
Les études publiées entre 2005 et 2015 ont été considérées. Quarante-neuf études, combinant des données alimentaires liées à la santé et des indicateurs de durabilité environnementale, ont été incluses dans la revue de littérature.
Trois types de données nutritionnelles sont utilisés dans ces études : les disponibilités alimentaires au niveau populationnel, les données de consommation des ménages ou les consommations alimentaires individuelles estimées à partir de rappels alimentaires ou de questionnaires de fréquences. Les indicateurs de durabilité considérés sont principalement l’émission de gaz à effet de serre et l’utilisation du sol, suivis dans une moindre mesure de la production animale, la biodiversité et l’utilisation des ressources de la planète. En fonction des études, les aliments ont été regroupés en catégories plus ou moins larges, pour leur associer une valeur de durabilité environnementale.
Les auteurs de la revue ont relevé cinq types d’études abordant cinq questions de recherche différentes :
• Quel serait l’effet sur la durabilité environnementale de remplacer totalement ou partiellement un aliment ou un groupe d’aliments (principalement la viande ou les produits animaux) par un autre plus favorable d’un point de vue environnemental (n = 10 études) ? En pratique, ce type de manipulation est peu viable et pose la question de l’apport suffisant en certains micronutriments et de l’acceptation par le consommateur.
• Comment la qualité nutritionnelle (mesurée par un score) est-elle liée à la durabilité environnementale (n = 7 études) ? Cette approche descriptive ne permet pas une interprétation détaillée et approfondie, la dimension « santé » n’étant considérée que par l’intermédiaire d’un seul et unique score.
• Quel serait l’effet sur la durabilité environnementale de suivre les recommandations nutritionnelles (n = 17 études) ? Même si les méthodologies sont variées entre les études et les approximations nombreuses, il apparaît que le suivi des recommandations nutritionnelles pourrait, en plus de son effet bénéfique sur la santé, présenter également un intérêt environnemental.
• Quelle serait la composition d’une alimentation optimisée à la fois sur les aspects de santé et environnementaux (n = 8 études) ? Ces études utilisent des techniques mathématiques avancées pour créer des modèles alimentaires optimisés. De multiples contraintes doivent être prises en compte pour créer ces modèles, en particulier des contraintes nutritionnelles et des contraintes d’acceptabilité pour minimiser la déviation avec l’alimentation habituelle (popularité des aliments, taille des portions). Les résultats obtenus dépendent fortement des aliments présents dans les bases de données disponibles combinant des aspects nutritionnels et environnementaux.
• Quel serait l’impact sur la santé de l’adoption d’une alimentation plus durable d’un point de vue environnemental (n = 7 études) ? L’impact sur la santé peut être évalué de façon directe (adéquation vis-à-vis de l’ingestion de nutriments ou le risque d’apparition de maladies chroniques) ou indirecte (modélisation de l’effet attendu sur la santé, à partir de données de méta-analyses).
En conclusion
Pour conclure, les auteurs mettent en avant quelques éléments clés à prendre en compte dans les études futures, en particulier :
• L’impact de la méthode d’évaluation des données alimentaires : les disponibilités alimentaires sont plus pertinentes pour évaluer la durabilité, alors que les consommations individuelles permettent une meilleure évaluation des effets sur la santé.
• L’importance de fournir des définitions détaillées des aspects de santé et environnementaux traités. Concernant les aspects nutritionnels, les auteurs insistent sur la nécessité de considérer à la fois la sécurité alimentaire au niveau de la population et la santé individuelle. Concernant la durabilité, ils recommandent d’élargir le spectre des mesures environnementales (biodiversité), ainsi que de prendre en compte d’autres dimensions de la durabilité tels que les aspects sociaux et éthiques.
• Enfin, même si la recherche pour concevoir des modèles alimentaires sains et durables n’en est qu’à ses prémices, il semble que l’utilisation de modèles mathématiques est à prioriser, car c’est la méthodologie la plus à même de prendre en compte la complexité de l’alimentation.
Pour aller plus loin :
MERTENS, E. VAN’T VEER, P. HIDDINK, GJ. « et col. » Operationalising the health aspects of sustainable diets: a review. Public Health Nutrition, 2016, p. 1–19 (doi: 10.1017/S1368980016002664).
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