La Fondation des maladies du cœur et de l’AVC (Cœur + AVC) alerte la population du Canada pour qu'elle réalise que, en matière de nutrition, les enfants sont en péril, constamment bombardés de publicité pour des produits mauvais pour la santé, ce qui a des répercussions sur leurs choix alimentaires.
Mangez sain tôt, mangez sain souvent
Une saine alimentation est l’un des facteurs les plus importants en ce qui concerne la santé en général et les bonnes habitudes se prennent à un jeune âge. En même temps, une mauvaise alimentation est un risque majeur de décès au Canada, depuis l’enfance et durant la vie entière.
Depuis 1979, le nombre d’enfants canadiens souffrant d’obésité a triplé, et près de un enfant sur trois est en surpoids ou obèse. Le taux d’obésité est influencé par la quantité de publicité à laquelle sont exposés les enfants et les jeunes et cela les met à risque de développer de nombreux problèmes de santé comme des maladies du cœur, l’AVC et le diabète. Cela n’est pas surprenant, puisque la majorité des produits dont on fait la promotion auprès des enfants sont mauvais pour la santé; les Canadiennes et Canadiens le savent. Selon notre sondage, 72 % des personnes interrogées croient que l’industrie des boissons et des aliments font la promotion de leurs produits directement auprès des enfants et 78 % croient que ces produits sont mauvais pour la santé.
« Nous avons observé une transition au cours des dernières décennies, indique le Dr Norm Campbell, titulaire de la Chaire en hypertension artérielle IRSC/Cœur + AVC. Pour la première fois, nous avons des enfants qui ont eu une alimentation malsaine riche en aliments transformés toute leur vie. »
Conflits alimentaires en famille
Les spécialistes du marketing comprennent le pouvoir que détiennent les enfants; le fait qu’ils « harcèlent » (le « nag factor ») leurs parents a une grande influence sur ce que ces derniers achètent. Selon notre étude, 71 % des Canadiennes et Canadiens croient que les sommes faramineuses que l’industrie des aliments et des boissons dépense sur la publicité ciblant les enfants donnent un désavantage injuste sur les parents quand il s’agit d’influencer les habitudes alimentaires des jeunes.
« L’impact sur les familles est souvent destructeur ou perturbateur, affirme le Dr Tom Warshawski, président de la Childhood Obesity Foundation. Les parents aiment leurs enfants et veulent qu’ils s’épanouissent, mais le marketing persuade ces derniers qu’ils veulent de la malbouffe et des boissons sucrées. Cette persuasion est en partie responsable de conflits entre les enfants et les parents. Les enfants réclament ces produits. »
Les techniques publicitaires ont bien évolué
La télévision est toujours un véhicule important de publicité auprès des enfants, mais le marketing en ligne est de plus en plus présent, puisque les enfants passent de plus en plus de temps sur Internet. Pour Cœur + AVC, la Dre Monique Potvin Kent, spécialiste du marketing boissons et des aliments et de l’alimentation chez les enfants, a étudié la publicité concernant les boissons et les aliments présente sur les dix sites Web les plus fréquentés par les enfants (de 2 à 11 ans) et les jeunes (de 12 à 17 ans) durant un an, évaluant tant le volume des publicités que la qualité nutritionnelle des produits.
« J’étais consternée en regardant ces chiffres. Il y a beaucoup de publicités à la télévision qui s’adressent aux enfants et encore plus à l’intention des adolescents, mais le temps d’antenne disponible est restreint, il y a une limite. Sur Internet, il n’y a absolument aucune limite, dit la Dre Potvin Kent. La quantité de publicités pour les boissons et les aliments en ligne est très élevée et près de tous les produits dont on fait la promotion sont mauvais pour la santé », ajoute-t-elle.
Les recherches de la Dre Potvin Kent ont révélé les éléments suivants :
Au cours d’une année, les enfants (de 2 à 11 ans) ont regardé plus de 25 millions d’annonces sur les boissons et les aliments sur leurs sites Web favoris collectivement.
Plus de 90 % des boissons et des aliments annoncés auprès des enfants et des jeunes sur Internet sont mauvais pour la santé; il s’agit d’aliments transformés et de boissons à forte teneur en lipides, en sel ou en sucre.
Les produits les plus fréquemment annoncés sur les sites Web favoris des enfants sont les Pop-TartsMC et les Frosted FlakesMC de Kellogg, les repas Joyeux festinMD de McDonald’sMD, les boissons énergisantes Red Bull et les produits Lunchables de Kraft.
Les produits les plus fréquemment annoncés sur les sites Web favoris des jeunes sont les Pop-TartsMC, Froot LoopsMC et Frosted FlakesMC de Kellogg, les boissons énergisantes Red Bull et le concours Déroule le rebord pour gagnerMD de Tim Hortons.
Les catégories de produits les plus fréquemment annoncées sur les sites Web préférés des enfants sont les restaurants, les gâteaux, les biscuits, la crème glacée et les céréales.
Les catégories de produits alimentaires les plus fréquemment annoncés sur les sites Web préférés des jeunes sont les gâteaux, les biscuits et la crème glacée, les céréales, les restaurants et les boissons sucrées.
L’autoréglementation de l’industrie est un échec
Depuis dix ans, l’industrie de l’alimentation et des boissons a établi ses propres normes et a autoréglementé ses activités de commercialisation dans le cadre de l’Initiative canadienne pour la publicité sur les boissons et les aliments destinée aux enfants (IPE). Le programme n’est pas obligatoire et les critères nutritionnels ne sont pas assez sévères. Le plus troublant est que la publicité ciblant les enfants a en fait augmenté au cours de la dernière décennie.
« Regardez le dernier rapport de l’IPE ainsi que certains des aliments qu’elle considère comme des choix alimentaires sains et qui sont donc annoncés aux enfants : céréales Lucky Charms, Froot LoopsMC, gaufres EggoMC. En quoi ces choix de déjeuner sont-ils considérés comme sains? » demande Geoff Craig, directeur du marketing et des communications de Cœur + AVC.
Les recherches de la Dre Potvin Kent révèlent des lacunes importantes dans l’approche de l’IPE et ses critères, en raison du fort volume de publicité pour des boissons et des aliments visant les enfants et les jeunes. En fait, son étude montre que les entreprises qui participent à l’IPE sont les pires délinquantes. Les trois quarts des annonces de produits malsains vues par les enfants et les jeunes proviennent d’entreprises qui participent à l’IPE.
Réglementer afin d’assurer un combat équitable pour tous
« Cela m’irrite au plus haut point quand on me dit que ces restrictions ne servent qu’à permettre au gouvernement de contrôler les parents. Il s’agit du type de politique qui les soutient. Les parents font de leur mieux, mais notre environnement leur rend la tâche difficile; tous les endroits où nous allons sont remplis de produits riches en sucre et en matières grasses », mentionne la Dre Potvin Kent.
Ces lois servent à protéger nos enfants du danger, comme nous l’avons fait avec les lois concernant les sièges dans les voitures et les restrictions en matière de tabagisme.
Des restrictions en matière de marketing auprès des enfants ont été mises en œuvre et ont du succès un peu partout dans le monde. Le meilleur exemple est au Québec, où ce genre de lois sont en place depuis 30 ans et ont été associées à une réduction de 13 % des probabilités d’acheter des repas de restauration rapide. Le Québec a également le plus faible taux d’obésité au pays chez les enfants âgés de 6 à 11 ans, ainsi que le plus fort taux de consommation de légumes et fruits. Elles établissent également des règles du jeu équitables pour les entreprises. Même si les critères volontaires étaient solides, les entreprises qui se conforment et mettent la santé des enfants au premier plan seraient désavantagées sur le plan de la concurrence, et la priorité de l’industrie est de maximiser les profits.
Statistiques :
La mauvaise alimentation a entraîné environ 50 000 décès au Canada en 2015.
Le nombre d’achats d’aliments transformés a doublé en 70 ans, représentant 60 % des achats d’aliments dans les familles.
Un quart des enfants âgés de 5 à 19 ans consomme des boissons sucrées chaque jour. Une canette de boisson gazeuse contient presque la quantité de sucre quotidienne maximale recommandée.
Le taux d’obésité infantile au Canada a triplé depuis 1979.
Moins de la moitié des jeunes de 12 à 19 ans consomment au moins cinq portions (le minimum recommandé) de légumes et fruits chaque jour.
Jusqu’à 90 % des boissons et aliments commercialisés à la télévision sont riches en sel, en gras ou en sucre.
En moyenne, les enfants regardent la télévision environ deux heures par jour et voient de quatre à cinq annonces d’aliments et de boissons par heure.
Les enfants et les jeunes canadiens passent près de huit heures par jour devant les écrans.
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