Exposition des femmes enceintes françaises aux polluants organiques

Bisphénol A, phtalates, pesticides, retardateurs de flamme… les polluants organiques de l’environnement sont présents dans de nombreux aliments et biens de consommation courants. La surveillance des niveaux d’exposition des femmes enceintes et la connaissance des modes d’imprégnation de ces femmes à ces substances potentiellement dangereuses sont des enjeux de santé publique majeurs. C’est pourquoi le Ministère des Affaires sociales et de la Santé et le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer ont confié à Santé publique France la mise en oeuvre du volet périnatal du programme national de biosurveillance. Le premier tome de cette étude, publié aujourd’hui, fournit pour la première fois des résultats fiables à l’échelon national : si la présence d’une ou plusieurs de ces substances est décelée chez la quasi-totalité des femmes enceintes de l’étude, les niveaux de concentration constatés sont globalement inférieurs à ceux observés dans les études antérieures françaises et étrangères.

Cette étude s’appuie sur un sous-échantillon représentatif de 4 145 femmes enceintes ayant accouché en 2011 en France continentale (hors Corse) et incluses dans la cohorte Elfe1. 117 biomarqueurs d’exposition à des polluants organiques de l’environnement ont été dosés dans des prélèvements d’urine et de sang maternels recueillis en maternité. Ces femmes ont également répondu à des questionnaires, qui ont porté sur leurs données de santé, leurs consommations et leurs modes de vie.

Les polluants organiques étudiés sont le bisphénol A, présent notamment dans les plastiques et emballages alimentaires, les phtalates, qui peuvent entrer dans la composition de matériaux à base de PVC ou de cosmétiques courants, les pesticides, y compris à usage domestique tels les anti-poux et désherbants, les dioxines, furanes et PCB, utilisés dans les processus industriels, les retardateurs de flamme, qui sont utilisés pour de nombreux appareils électriques et textiles, et les composés perfluorés, qui peuvent être présents dans les produits ménagers courants. Ces substances peuvent être des perturbateurs endocriniens2 ou des cancérigènes avérés ou suspectés. Mais leur présence dans l’organisme de la mère n’implique pas nécessairement d’effet néfaste pour sa santé ou celle de l’enfant à naitre.

La présence de polluants organiques décelée chez la quasi-totalité des femmes enceintes de l’étude, mais à des niveaux globalement moindres que dans les études antérieures françaises et étrangères

Ce premier volet montre que l’un ou plusieurs des polluants étudiés sont présents chez la quasi-totalité des femmes enceintes incluses dans l’étude. Cependant, les concentrations mesurées sont globalement inférieures à celles observées dans les études antérieures françaises et étrangères.

L’alimentation, principale source d’exposition

Les résultats du volet périnatal du programme national de biosurveillance confirment les sources d’exposition connues aux polluants mesurés : consommations alimentaires, consommation de tabac, utilisation de produits d’hygiène et cosmétiques, utilisation domestique de pesticides, etc. Si l’alimentation représente la source principale d’exposition, d’autres sources sont donc également relevées, notamment dans l’air intérieur et extérieur.

http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Environnement-et-sante/Biosurveillance

Pour aller plus loin :
1. La cohorte Elfe (Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance), coordonnée par une unité mixte Ined-Inserm-EFS (UM Elfe), a pour objectif de suivre plus de 18000 enfants de leur naissance jusqu’à leurs 20 ans. Pour en savoir plus : http://www.elfe-france.fr/index.php/fr/.
2. Substances étrangères à l’organisme qui imitent les hormones naturelles ou interfèrent avec le système hormonal.


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