Viande « rouge » et cancer colorectal : des différences selon la viande et la localisation du cancer

Limiter la consommation de viande dite « rouge » (contenant majoritairement des fibres musculaires rouges : porc, bœuf, veau, agneau) et de charcuterie : une recommandation aujourd’hui bien établie dans le cadre de la prévention nutritionnelle du cancer colorectal. Mais le risque serait-il associé u

Les consommations de viande dite « rouge » et de charcuterie sont associées à une augmentation du risque de cancer colorectal respectivement de 17% pour 100 g.j de viande rouge et de 18% pour 50 g.j de charcuterie (WCRF.AICR 2011). Néanmoins, peu d’études ont évalué les effets spécifiques de la nature de la viande rouge consommée sur le risque de cancer colorectal.
Le but de cette étude était d’évaluer l’association entre risque de cancers du colon et du rectum et les consommations de viande « rouge » (totale et par espèce animale), charcuterie («processed meat»), poisson et volaille au sein de la cohorte «Danish Diet, Cancer and Health».

Au cours de la période de suivi (13,4 ans en moyenne), 644 cas de cancer du colon et 345 cas de cancer rectal ont été rapportés parmi les 53 988 participants âgés entre 50 et 64 ans lors de l’inclusion entre 1993 et 1997. Les viandes « rouges » incluaient le bœuf, le porc, l’agneau, le veau et les abats. Les charcuteries correspondaient aux viandes conservées par fumaison, séchage, salage.
La consommation moyenne de viande « rouge » était de 100 g.j chez les hommes et 64 g.j chez les femmes et celle de charcuterie de 35 g.j chez les hommes et 18 g.j chez les femmes.

Aucune association n’a été observée entre la consommation de poisson, de volaille et de manière plus inattendue celle de viande « rouge », et les risques de cancer du colon et du rectum. Il faut cependant noter que la variabilité de la consommation de viandes « rouges » dans cette population était relativement faible. En revanche, le risque associé variait selon l’espèce animale de la viande « rouge » et le type de cancer. Ainsi, le risque de cancer du colon était significativement plus élevé avec une consommation élevée d’agneau [RR pour 5g.j = 1,07 (95% CI: 1,02–1,13)], tandis que le risque de cancer rectal était plus important avec une consommation élevée de porc [RR pour 25g.j = 1,18 (95% CI: 1,02–1,36)]. En revanche et contrairement à de nombreuses études, une consommation élevée de bœuf diminuait le risque de cancer rectal [RR pour 25g.j = 0,83 (95% CI : 0,70-0,98)]. La substitution de la viande « rouge » par du poisson était associée à un risque diminué de cancer du colon [RR pour 25g .j = 0,89 (95% CI: 0,80–0,99)] mais pas du cancer rectal. En revanche, remplacer la viande rouge par de la volaille ne réduisait pas les risques ni du cancer du colon ni du cancer rectal. En conclusion, les auteurs suggèrent que le risque de cancer colorectal pourrait différer selon l’espèce animale de viande « rouge » consommée.

Ces résultats confortent les recommandations de prévention nutritionnelle du cancer qui ont pour objectif d’inciter les forts consommateurs de viande rouge à réduire leur consommation et d’alterner les différents types de viandes avec les poissons, les œufs et les légumineuses. Ils soulignent également l’intérêt de ne pas «diaboliser» un groupe d’aliments en particulier mais de considérer plus précisément les risques et les bénéfices de la consommation modérée des différentes catégories d’aliments qui composent chaque groupe. A ce titre, n’oublions pas que les différents types de viandes apportent des nutriments importants, notamment des protéines, du fer, du zinc et de la vitamine B12.

D’après l’étude INCA2, en France la consommation moyenne de viande rouge est de 66 g et 41 g par jour chez l’homme et la femme adulte. La consommation de charcuterie est de 47 g chez les hommes et de 31 g chez les femmes.

Pour aller plus loin :
Associations between Red Meat and Risks for Colon and Rectal Cancer Depend on the Type of Red Meat Consumed. Egeberg R et al. J Nutr. 2013 Apr;143(4):464-72.


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