Les ‪régimes‬, le fric et la dictature du magique

En somme, il est clairement inutile d’invoquer la ‪Nutrition‬ à tout propos, généralement au service d’articles et d’offres mercantiles de régimes. Mais ça marche, par l’espoir placé en une sorte de magie
et la crédulité dont l’humanité ne sait se défaire.

L’extraordinaire variété des régimes ou méthodes proposés en dit long sur l’imagination et l’ingéniosité de leurs promoteurs, assurés de faire des bénéfices personnels sans commune mesure avec le bénéfice à court terme pour des clients (directs ou indirects par médias interposés) qui retrouveront immanquablement leurs problèmes, éventuellement (probablement) aggravés au bout d’un certain temps.

Laissons de côté les régimes sans gluten justifiés pour les cas de maladie cœliaque dûment identifiés, ou les régimes délactosés lors d’intolérance au lactose par déficience avérée en lactase, ou les exclusions spécifiques de telle ou telle allergie. Mais observons tout de même que, par un effet de mode conjugué à un effet placebo certain, bien des personnes non cœliaques déclarent se porter mieux depuis qu’elles ont adopté un régime sans gluten ; l’important est d’y croire !

Rappelons aussi que la lactase est une enzyme inductible et donc que si l’on ne consomme pas de lactose, on aura peu de lactase ; mais si l’on boit du lait régulièrement en quantités raisonnables, l’activité lactasique de l’intestin sera entretenue tout au long de la vie, même si elle diminue avec l’âge. Qu’importe, cela n’arrête pas telle journaliste auto-promue coach en diététique anti-âge qui conseillerait une cuisine sans pain et sans lait.

Ce que l’on entend communément par « régimes » a longtemps regroupé assez exclusivement des régimes ‪#‎amaigrissants‬ ; il s’y est ajouté au cours des dernières années les motivations les plus diverses. Dans l’ensemble il s’agit de programmes restrictifs et fondés malheureusement sur l’exclusion de telle ou telle catégorie d’aliments, nuisant à la diversité essentielle pour une bonne nutrition. Enumérons sans exhaustivité : végétariens et leurs variantes (lacto-ovo-végétariens, lacto-végétariens, et ovo-végétariens), ‪‎végétaliens‬ (excluant tous les produits animaux y compris le miel), ‪vegans‬ excluant l’usage (même non alimentaire) de tous les produits animaux, les crudivores adeptes du tout cru bio, ou à l’inverse le régime préhistorique (cru et hyperprotéiné). L’historique des régimes amaigrissants est très riche depuis le régime Mayo des années 80, hyper-restrictif, l’usage du pamplemousse, du vinaigre, la méthode ‪‎Dukan‬ (régime hyperprotéiné), jusqu’à des méthodes d’accompagnement médical avec des régimes dissociés ou autres.

Les dérives sectaires sont malheureusement fréquentes, investissant la santé et dénigrant la science et la médecine. La nutrition est une porte d’entrée commode pour inciter à une quête de pureté et de bien-être, préalable à une emprise sur les personnes.
Gourous et sectes guérisseuses génèrent un commerce lucratif. Les régimes proposés peuvent imposer l’ingestion de substances diverses, appuyées sur le charabia d’une pseudoscience ; ils mènent aussi souvent à des régimes carencés très variés et parfois extrêmes. La vogue des cures « ‪détox‬ » et des jeûnes prolongés, aux effets psychiques probables mais aux effets biologiques
potentiellement désastreux, procède de cet esprit. Enfin s’ajoutent à toutes ces dangereuses fantaisies commerciales ou sectaires, le militantisme d’individus qui usent de la liberté de parole et de la tribune du web pour promouvoir par leurs sites, leurs blogs, et dans les réseaux sociaux, leurs conceptions farfelues.
Ainsi voit-on prêcher l’interdiction de la viande, ou des fromages ou des oeufs. Ces « recommandations » sont néfastes à tous les âges et plus encore pour des personnes âgées dont le besoin protéique est plus élevé que chez l’adulte ; l’oeuf constitue la protéine de référence en termes de qualité nutritionnelle par sa richesse en acides aminés essentiels, et le fromage et les produits laitiers restent, entre autres qualités, la meilleure source de calcium indispensable non seulement à l’os mais à bien des fonctions cellulaires.

Faut-il tout simplement rappeler à tous ces extrémistes de la malbouffe, confondant parfois très abusivement alimentation et addiction, que l’espérance de vie de nos ancêtres des cavernes était inférieure à 30 ans et que, épuisée par ses jeûnes, Catherine de Sienne s’est éteinte à 33 ans le 29 avril 1380. Le prix de la sainteté et de l’anorexie mystique sans doute ? Mais n’est pas Saint qui veut. Désolé pour vous si notre alimentation moderne multiplie les centenaires ! Sachez simplement que si votre éducation vous a donné des usages alimentaires vous n’en changerez pas impunément. Car changer l’alimentation modifie le microbiote, lequel en retour influence bien des aspects essentiels de votre physiologie. Laissons donc là cette dictature auto-infligée des modes et des croyances farfelues.

Pour aller plus loin :
Cerin. edition spécial 2014


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