Pour perdre du poids, les faibles revenus optent pour des stratégies à court terme

Quand ils veulent perdre du poids, les enfants et les adultes américains aux revenus les plus faibles optent le plus souvent pour des méthodes qu’ils espèrent rapides mais qui s’avèrent contre-productives.

Le but de cette étude était d’explorer les relations entre les différentes stratégies de perte de poids des individus et le revenu de leur foyer. L’étude portait sur une population nord-américaine dont tous les participants devaient avoir tenté de perdre du poids au moins une fois dans l’année (3 250 « jeunes adultes » de 8 à 19 ans et 6 035 « adultes » de 20 ans ou plus). L’analyse des revenus annuels a permis d’établir 4 groupes correspondant à 4 tranches de revenus du foyer : < 20 000 dollars, de 20 000 à 44 999, de 45 000 à 74 999 ≥ 75 000.

Les résultats des tentatives de perte de poids étaient plutôt médiocres. Les adultes avaient gagné 1.4kg en 1 an et les jeunes adultes 5,4kg, soit en moyenne +0.44 point d’IMC. Les adultes dont les revenus correspondaient aux 3 tranches les plus faibles avaient gagné plus de poids que les adultes de la tranche supérieure.

Un questionnaire a été soumis aux participants leur présentant plusieurs stratégies de perte de poids. Ils devaient cocher celles pour lesquelles ils avaient opté. Les participants ne disposaient d’aucune indication pour les distinguer mais les stratégies proposées constituaient tantôt des options conformes aux recommandations (diminuer les aliments sucrés et gras, préférer les aliments moins denses en énergie, boire beaucoup d’eau*, faire de l’exercice) tantôt des options non conformes aux recommandations et parfois associées à des troubles alimentaires (sauter des repas, utiliser des laxatifs, des diètes liquides ou des médicaments pour maigrir).

Les adultes des foyers appartenant aux trois tranches inférieures de revenus étaient à 50%, 40% et 29% plus susceptibles que ceux de la tranche supérieure de ne pas utiliser des stratégies conformes aux recommandations. Aucune différence entre les tranches de revenus n’apparaissait par contre concernant le choix des stratégies non conformes aux recommandations.

Chez les jeunes adultes la tendance était similaire pour les stratégies conformes aux recommandations, en revanches ceux appartenant aux trois tranches inférieures de revenu étaient à 250%, 160% et 160% plus susceptibles d’utiliser des stratégies non-conformes que ceux de la tranche de revenu supérieure.

Cette étude met en lumière la nécessité d’améliorer et d’adapter les messages si on veut encourager des stratégies de perte de poids cohérentes plus spécifiquement auprès des populations défavorisées et des jeunes.

*L’étude proposait la stratégie « drink a lot of water » (littéralement « boire beaucoup d’eau »). On peut douter qu’une telle stratégie constitue une option conforme aux recommandations. Toutefois, dans un contexte où les grands cafés sucrés et les sodas sont très consommés, on peut supposer que pour les auteurs il était implicite que ceux qui optaient pour cette stratégie réduisaient dans le même temps leur consommation de boissons sucrées (note du Cerin).

La tendance est la même chez les femmes mais de manière beaucoup moins marquée. Quand elles vivaient seules, le fait de manger seules augmentait de 1,31 fois le risque de dépression, comparé à celles qui mangeaient avec d’autres, contre 1,21 fois quand elles vivaient avec d’autres.
Les auteurs expliquent cette différence entre hommes et femmes par la structure sociale japonaise. En raison de la répartition traditionnelle des rôles domestiques au Japon, préparer les repas pourrait s’avérer être une tâche particulièrement stressante pour les hommes veufs ou vivant seuls.
Cette étude a d’importantes implications en termes de santé publique. Susciter des opportunités pour les sujets âgés de manger en groupe pourrait être un moyen efficace d’agir sur le maintien de leur santé mentale : en pratique, par exemple, favoriser la prise de repas dans des centres communautaires où les sujets pourraient manger avec les résidents, plutôt que la livraison de repas à domicile.

Pour aller plus loin :
Kakinami L, Gauvin L, Barnett A et col (2014) Trying to lose weight. The association of income and age to weigh loss strategies in The US, American Journal of Preventive Medicine; 46(6):585-592


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